Prix du kilowatt heure : le tarif de votre facture passé au peigne fin

Le kilowattheure est une donnée universelle qui facilite la comparaison de toutes les énergies entre elles.

Le tableau ci-après présente les équivalences en kWh de chaque combustible.

Le prix de l’énergie évolue constamment ! Pour obtenir un tarif actualisé, il est possible de se référer aux données mensuelles de l’Association Ajena, dont le tableau ci-après est extrait.

Tableau 2 – Prix du kWh août 2022 (source : Argus de l’énergie de l’Ajena).

Les prix communiqués correspondent à des données locales (jura) qui intègrent le coût des abonnements et le rendement thermique des appareils de chauffage.

Attention ! Le solaire est effectivement une énergie 100 % gratuite et renouvelable. En revanche, cette solution ne permet pas de couvrir l’intégralité des besoins annuels en chauffage (de 40 à 70 %, selon les régions). Elle doit donc nécessairement s’accompagner d’un système d’appoint (poêle à bois, chaudière, etc.).

En s’aidant des différents tableaux ci-dessus, il devient facile de simuler le montant de votre facture énergétique avec un autre combustible ou avec un autre système de chauffage.

Le calcul simplifié se réalise en 2 temps.

1. Estimation de votre consommation, à l’aide de la formule suivante :
2. La conversion des kWh en euros :

Consommation (en kWh) = quantité d’énergie de chauffage actuelle (m3, litres, stères, etc.) x facteur de conversion (cf. tableau 1) x rendement de l’appareil.

Pour connaître le rendement de votre chaudière, vous pouvez consulter le dernier rapport d’entretien ou sa notice d’utilisation, bien que cette dernière solution ne tienne pas compte de la vétusté de l’appareil.

Prix = consommation (en kWh) x prix du kWh (cf. tableau 2).

Un exemple ?

Votre chaudière fioul consomme en moyenne 1 500 litres de fioul par an. Son rendement est d’environ 90 %. Votre facture s’élève à environ 2 134 €.

1. Estimation de la consommation : 1 500 x 10.4 x 0.9 = 14 040 kWh

2. Conversion selon le type d’énergie :

Attention, il s’agit d’une estimation à l’instant T. Or, la plupart de ces énergies ont subi une hausse anormale de leur prix liée au contexte exceptionnel actuel. De plus, des écarts importants peuvent également être observés en fonction de la performance de votre système de chauffage et de l’isolation thermique de votre maison.

Pour obtenir un bilan complet et plus fiable de vos consommations énergétiques et des économies potentielles, rien ne remplace un audit énergétique réalisé par un bureau d’études thermiques.

La composition du prix du gaz est très similaire à celle de l’électricité. Rien de surprenant en réalité, car ces 2 énergies sont achetées et vendues au même endroit : sur le « marché de gros », un réseau international de l’énergie.

Les tarifs réglementés du gaz sont des contrats de livraison de gaz fixés par l'État une fois par an et proposés par la Commission de Régulation de l'Énergie ou la CRE. Ils ne sont commercialisés que par les fournisseurs 'historiques' comme Engie ou les ELD (Entreprises Locales de Distribution). Ces contrats s'opposent aux offres de marché. Cependant, ces tarifs disparaissent progressivement, à l'heure actuelle seul 28% des ménages en France est concerné par ces tarifs. De plus, depuis le 20 novembre 2019, il n'est plus possible pour les particuliers de souscrire à un contrat de gaz aux tarifs réglementés. Les ménages français qui en disposent ont ainsi jusqu'au 30 juin 2023 pour changer leur contrat et donc souscrire à une offre de marché.

Pour répondre à la forte hausse du prix du gaz qui touche la France, le gouvernement a annoncé le gel de l'évolution du tarif réglementé du gaz à partir du 1er novembre 2021 et ce jusqu'à fin 2022.

Le prix du kWh de gaz peut être découpé en 3 parties :

• ⅓ pour la consommation, comprenant le tarif de l’abonnement ;
• ⅓ pour les frais d’acheminement (distribution, stockage et transport du gaz) ;
• ⅓ pour les taxes et les contributions.

À l’instar de l’électricité, seuls les coûts liés à la consommation énergétique et l’abonnement peuvent varier d’un fournisseur d’énergie à un autre. Les conditions tarifaires d’acheminement et les taxes sont placées sous le contrôle de l’État.

La loi « Énergie et climat » du 8 novembre 2019 (loi n° 2019-1147) met fin aux tarifs réglementés de gaz naturel au 30 juin 2023. Il n’est d’ores et déjà plus possible d’y souscrire. Les détenteurs de cet abonnement basculeront donc automatiquement sur :

• Une offre de marché à prix fixe pour une durée contractuelle de 1 à 4 ;
• Une offre de marché indexée sur l’évolution des prix du marché de gros (offres « spot », par exemple).

Par ailleurs, le nombre de kWh consommés et la zone tarifaire dans laquelle vous vous situez font également varier le prix de l’abonnement. Par exemple, l’option B1 correspond à une consommation comprise entre 6 000 et 30 000 kWh pour un logement situé en zone 1 (Lyon, Marseille, Nantes, etc.). La France est ainsi découpée en 6 zones tarifaires, en commençant par la zone 1 qui est la moins chère.

La facture de gaz se compose des mêmes taxes que celles de l’électricité, à l’exception de la TCFE (cf. plus haut) :

Exemple d’une répartition des taxes sur le montant d’une facture de gaz au tarif réglementé (chiffres de mars 2022) (2) :

• CTA 3% ;.
• TICGN 12 % ;
• TVA 12%.

Depuis septembre 2021, les prix de l’énergie s’emballent de façon inédite ! Comment expliquer une telle situation ?

En 2007, pour mettre fin au monopole d’EDF, le marché de l’énergie a été ouvert à la concurrence. Cela s’est traduit par une interconnexion de l’électricité et du gaz et une mise à disposition des ressources sur des marchés européens. L’idée était de faciliter les échanges entre les producteurs, fournisseurs, grands consommateurs d’énergie et intermédiaires (courtiers et traders). C’est ainsi que l’énergie est devenue accessible avec une qualité de réseau et un coût d’acheminement identiques partout en Europe.

Or, si pendant longtemps ce système a contribué à maintenir des prix bas de l’électricité, aujourd’hui ce n’est plus le cas. En effet, le prix de gros du gaz (prix du marché) a été multiplié par plus de 6, de mars à décembre 2021. Le prix de l’électricité, qui est corrélé avec le prix du gaz, a suivi la même tendance avec une hausse de plus de 3 fois de son tarif de gros(2). La flambée des prix du gaz a donc entraîné l’augmentation du prix de l’électricité.

Autre fait marquant, 20 % de la production d’électricité provient de centrales à gaz (2) qui tournent parfois à plein régime en hiver pour couvrir les pics de consommation. Cette interdépendance, qui autrefois faisait la force du système énergétique français, la mène aujourd’hui à sa perte !

En France, l’électricité est majoritairement produite à partir de centrales nucléaires (69 %)(2).C’est un mode de production peu coûteux en comparaison avec les autres solutions (centrales à gaz ou énergies renouvelables). De plus, les Français consomment moins d’électricité qu’ils ne produisent. Mais alors, pourquoi le prix de l’électricité augmente-t-il ?

En réalité, les causes sont multiples ! Le RTE (Réseau de transport d’électricité) et la Commission de la régulation de l’énergie (CRE) apportent quelques explications :

1. Contexte géopolitique instable (guerre en Ukraine).
2. Forte reprise de l’activité économique post-COVID, avec une hausse rapide de la demande.
3. Crise nucléaire française.
4. Centrales nucléaires mises à l’arrêt pour cause de fermeture ou de réparation.
5. Retard dans le déploiement des énergies renouvelables (éolien, hydraulique, etc.).
6. Plafonnement du tarif ARENH (« Accès régulé à l’électricité nucléaire historique ») qui permet d’acheter de l’électricité à un prix plus compétitif (42 € par MWH). Ces quotas étant systématiquement dépassés, les fournisseurs d’énergie sont obligés de se fournir sur le marché international, et donc à un coût jusqu’à 3 fois plus élevé.
7. Augmentation de la taxe TIFCE.
8. Hausse du coût marginal de production du gaz (centrale à charbon ou à gaz), sur lequel le prix de gros de l’électricité est indexé.
9. Forte sécheresse et aléas météorologiques, conséquences du dérèglement climatique.
10. Gel des Tarifs réglementés de vente (Trv) du gaz naturel à leur niveau d’octobre

Concernant l’augmentation du prix du gaz, en plus du contexte politique (guerre en Ukraine) actuel, viennent s'ajouter les raisons suivantes :

• 99 % du gaz est importé en France, ce qui une une énergie fortement dépendante des autres pays (Norvège, Russie, Pays-Bas et Algérie) ;
• Forte augmentation de la demande en gaz en Europe et en Asie, suite à la relance de l’activité économique post-COVID, à la période prolongée de froid lors de l’hiver 2020/2021 et, dans une moindre mesure, au développement du télétravail. Les stocks de gaz sont actuellement très faibles ;
• Fermeture de centrales à charbon ;
• Retards de mise en service du pipeline Nord Stream 2 sous la mer Baltique.

Contrairement à l’électricité ou au gaz de ville, le tarif du fioul n’est pas encadré par une quelconque réglementation tarifaire. Il s’achète donc librement sur les marchés internationaux et suit tout simplement les fluctuations du cours du pétrole brut et du taux de change euro-dollar.

Là encore, les perspectives ne sont pas bonnes ! En effet, de 1997 à 2021, le coût du baril de pétrole (selon les cotations du Brent) a subi une hausse de plus de 30 %. Cette augmentation du prix tend même à s’accélérer comme le prouvent les chiffres de 2022 (de janvier à août) qui ont déjà dépassé de 50 % ceux de 2021, alors que l’automne et l’hiver restent à venir

Source :https://www.ecologie.gouv.fr/prix-des-produits-petroliers'

Pourquoi le prix du bois augmente-t-il ?

Le prix du stère de bois a enregistré une augmentation d’environ 20 % de 2021 à 2022, mais c’est véritablement le prix de la tonne de granulés qui a subi la hausse la plus spectaculaire ! Pourquoi le prix des énergies renouvelables n’est-il pas épargné ?

En réalité, c’est toujours et encore l’augmentation du prix des énergies fossiles qui est en cause ! Pour payer moins cher de chauffage, les particuliers ont investi massivement dans des solutions renouvelables. Ainsi, entre 2020 et 2021, les ventes de poêles à granulés ont progressé de + 41 % et de + 120 % pour les chaudières à granulés.

De plus, le contexte de crise inflationniste et de guerre a incité bon nombre de consommateurs à acheter leurs pellets plus tôt dans la saison et en plus grande quantité, de peur d’en manquer pendant l’hiver. La demande de granulés est en moyenne de 2 à 5 fois supérieure à la normale. (5) De ce fait, les scieries ne parviennent plus à produire suffisamment et la France est contrainte à limiter ses exportations. Ironie du sort, environ 15 % des granulés sont importés de Russie, de Biélorussie et d’Ukraine et ce chiffre risque prochainement d’être revu à la hausse !

La pénurie a ainsi entraîné un surcoût compris entre 100 et 130 € par tonne de granulés.

En conclusion, pour réduire efficacement le montant de votre facture énergétique, l’idéal est d’agir directement sur votre consommation, en :

• Réalisant des travaux de rénovation énergétique, en priorisant l’isolation thermique et les appareils de chauffage à haut rendement, comme la pompe à chaleur. De nombreuses aides financières sont disponibles ! ;
• Faisant preuve de sobriété, en pratiquant des écogestes au quotidien (s’équiper en LED, privilégier des appareils économes en énergie, éteindre systématiquement les veilles électriques, réguler la température de chauffage la nuit et pendant les absences, etc.).
• Comparant les offres des fournisseurs d’énergie et d’abonnement et en choisissant une offre intéressante à prix de marché. Ce changement est gratuit et rapide !

Ainsi, les prochaines et prévisibles hausses du coût des énergies fossiles n’auront qu’un impact limité sur votre budget de chauffage !

(1) Source : médiateur national de l’énergie.

(2) Source : Commission de la régulation de l’énergie (CRE).

(3) Source : Institut des politiques publiques (IPP).

(4) Source : Reuters/DGEC (Direction générale de l’énergie et du climat).

(5) Source : Association Propellet.

(6) Source : ministère de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique.