Lorsque les températures estivales grimpent en flèche et que les épisodes de canicule se multiplient, de nombreux foyers français se retrouvent confrontés à un véritable fléau : la précarité énergétique d’été. Les habitations, qualifiées de passoires thermiques, deviennent de véritables bouilloires impossibles à refroidir malgré tous les efforts déployés.
Définition de la précarité énergétique
L'ONPE (Observatoire National de la Précarité Energétique) nous donne cette définition de la précarité énergétique : "est en situation de précarité énergétique une personne qui éprouve dans son logement des difficultés particulières à disposer de la fourniture d'énergie nécessaire à la satisfaction de ses besoins élémentaires en raison de l'inadaptation de ses ressources ou de ses conditions d'habitat".
Qui est concerné par la précarité énergétique en été ?
Avec plus de 5,2 millions de logements ne parvenant pas à se chauffer correctement en hiver, et donc en situation de précarité énergétique, il est alarmant de constater que ces mêmes foyers se retrouvent maintenant confrontés à des conditions insoutenables pendant la période estivale.
Les chiffres publiés en juin par la Fondation Abbé Pierre avec leur nouvelle étude sont sans appel.
Cette étude révèle qu’en 2022, 59 % des Françaises et des Français ont souffert de la chaleur dans leur logement, soit une augmentation de 8 points par rapport à 2020. C’est aussi un tiers d’entre eux qui déclare ressentir cette souffrance de plus en plus régulièrement.
Parmi les populations les plus touchées figurent les habitants des zones urbaines précaires, les jeunes (notamment 54 % des 18-24 ans souffrant de la chaleur dans leur logement) et les personnes âgées, qui sont particulièrement vulnérables face aux canicules.
Quelles sont les causes de cette situation alarmante ?
Tout d'abord, nous assistons à une multiplication des vagues de chaleur, avec une prévision de deux fois plus de canicules d'ici 2050. Ce phénomène est directement lié au dérèglement climatique qui affecte notre planète.
De plus, l'urbanisation galopante contribue également à aggraver la situation, avec des constructions souvent mal adaptées aux enjeux bioclimatiques.
Enfin, le vieillissement de la population accentue les risques, les personnes âgées étant les plus fragiles et les plus susceptibles de souffrir des conséquences de la chaleur extrême.
Quelles sont les conséquences de la précarité énergétique en été ?
En premier lieu, il est difficile pour les occupants de ces logements de bénéficier d'un sommeil réparateur, ce qui a un impact direct sur leur santé et leur bien-être. Mais ce n'est pas tout, la chaleur excessive peut entraîner le développement ou l'aggravation de pathologies telles que les problèmes cardiaques et rénaux. Les problèmes de circulation sanguine et la déshydratation sont également des conséquences graves de ces conditions de vie inconfortables.
Enfin, chez les personnes âgées, cette situation peut conduire à une perte d'autonomie accrue, ce qui rend d'autant plus nécessaire de trouver des solutions adaptées.
Quelles sont les raisons qui rendent les logements inconfortables en été en France ?
Tout d'abord, l'isolation peu performante des habitations est un problème majeur. Ces logements laissent échapper la fraîcheur et retiennent la chaleur (les fameuses passoires thermiques), créant ainsi des conditions insupportables. De plus, les expositions des bâtiments ne répondent souvent pas aux principes de l'architecture bioclimatique, ce qui aggrave encore la situation.
En outre, l'absence de protections solaires efficaces, comme des volets ou des stores, ne permet pas de bloquer les rayons du soleil et d'atténuer la chaleur à l'intérieur des habitations.
Face à cette problématique grandissante, quelles solutions peuvent être envisagées ?
L’étude de la fondation Abbé Pierre révèle que 88 % des Français considèrent qu'il est urgent de trouver des solutions pour réduire la température dans les logements.
Parmi les propositions, la végétalisation des toits est une mesure prometteuse, capable de faire baisser la température ambiante de l'air de 3 à 5°C, voire jusqu'à 13°C en ressenti. Cette technique permet de créer des espaces verts en milieu urbain, offrant ainsi une source de fraîcheur naturelle.
Quelles conclusions en tirer ?
La Fondation Abbé Pierre appelle les pouvoirs publics à plus d’encadrement sur le sujet de la précarité énergétique en été face à un cadre réglementaire et législatif jugé "insuffisant". Par exemple, la notion confort d’été n’apparait pas dans la définition d’une rénovation énergétique performante et globale, introduite dans la loi Climat et Résilience.
La précarité énergétique en été est un problème réel et préoccupant qui touche de nombreux foyers français. Les conséquences sur la santé et le bien-être des habitants sont significatives, et il est impératif de trouver des solutions pour remédier à cette situation.
