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Annoncé à grand renfort de tribunes et de déclarations chocs, le moratoire sur l’éolien et le photovoltaïque, voté à l’Assemblée nationale, semblait marquer un tournant dans la stratégie énergétique de la France. Pourtant, les derniers développements au Sénat indiquent un tout autre chemin : celui d’une sortie de crise par le haut, en préservant l’équilibre entre nucléaire et renouvelables. Retour sur un revirement à fort potentiel politique… et écologique.
Lors de la première lecture à l’Assemblée nationale de la loi de programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), un amendement introduit par les députés LR et soutenu par le Rassemblement national instaurait un moratoire sur l’éolien et le solaire. Objectif affiché : stopper temporairement les implantations pour réévaluer les coûts, les impacts et la planification. Pour les professionnels du secteur, cette annonce sonnait comme un coup de tonnerre.
Mais le Sénat, lors de sa deuxième lecture du texte le 8 juillet 2025, a clairement adouci cette orientation. Si l’article 5 prévoit toujours un « renforcement des énergies renouvelables et décarbonées », aucune mention explicite du moratoire n’a été retenue. Au lieu d’une interdiction pure et simple, le texte préfère encourager le renouvellement des parcs existants, tout en laissant la porte ouverte à de nouvelles installations.
Le message du ministre de l’Industrie et de l’Énergie est clair : « La guerre fratricide entre nucléaire et renouvelables n’a que trop duré. Le véritable enjeu, c’est la sortie des énergies fossiles. »
Le texte adopté par le Sénat fixe un cap à 2030 : 58 % de l’énergie finale consommée devra être d’origine décarbonée. Cela inclut à la fois le nucléaire et les énergies renouvelables. Sur les 560 TWh d’électricité décarbonée prévus, environ 200 TWh devront provenir des ENR, soit un gros tiers.
En revanche, aucun objectif chiffré n’est donné secteur par secteur (solaire, éolien, hydroélectrique, etc.), ce qui reporte cette responsabilité à un futur décret gouvernemental. Une prudence assumée pour éviter les blocages territoriaux et les conflits politiques internes.
L’abandon du moratoire par le Sénat sonne comme un soulagement pour les acteurs du secteur. L’émotion suscitée par la première version du texte était forte : des milliers d’emplois, des projets locaux et une planification à long terme étaient directement menacés.
Pour les entreprises de la transition énergétique, comme Tucoenergie, ce revirement est une bonne nouvelle. Il confirme la nécessité d’une approche globale, où le nucléaire et les renouvelables cohabitent et se complètent.
La prochaine étape sera cruciale : la Commission mixte paritaire, attendue pour la mi-octobre 2025, devra harmoniser les versions de l’Assemblée et du Sénat. En l’état, le compromis semble envisageable : la rédaction finale pourrait entériner des objectifs globaux, sans condamner aucune technologie.
En pleine crise climatique, la France ne peut pas se permettre de freiner sa transition énergétique. Le retour en arrière envisagé avec le moratoire était en contradiction avec les objectifs climatiques européens (44 % d’ENR dans la consommation finale d’ici 2030). Si le compromis actuel manque de clarté, il a le mérite de maintenir la dynamique.
C’est pourquoi nous continuons à accompagner les particuliers dans leurs projets d’installation photovoltaïque, d’isolation thermique ou de pompes à chaleur économes en énergie.
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