6mn
La réforme annoncée du dispositif des Certificats d’Économies d’Énergie (CEE) pourrait bien bouleverser tout un pan de la filière de la rénovation énergétique. Le 27 mai 2025, le Conseil supérieur de l’énergie doit statuer sur un arrêté visant à supprimer 11 fiches d’opérations standardisées et à en modifier 7 autres. Objectif affiché : recentrer les aides sur les opérations qui en ont réellement besoin, pour lutter contre les abus et mieux flécher les fonds publics.
Mais pour les professionnels du secteur, cette annonce prend des allures de choc : suppression massive, mise en œuvre immédiate, vide stratégique… Le climat s’assombrit. Dans cet article, Tucoenergie décrypte les mesures prévues, les enjeux à venir, et leur impact sur la filière de la rénovation.
Le gouvernement justifie cette réforme par la nécessité de lutter contre les cas de « surfinancement ». Certaines opérations couvertes par les CEE affichaient un retour sur investissement inférieur à trois ans, même sans subvention. Ce qui, aux yeux de l’administration, rendait inutile l’aide publique, car les bénéficiaires n’avaient pas besoin d’un soutien financier pour réaliser leurs travaux. Résultat : des centaines de millions d’euros de fonds publics injectés dans des projets déjà rentables.
Face à ce constat, l’exécutif a décidé de faire le ménage dans les fiches d’opérations CEE pour recentrer le dispositif sur des gestes véritablement incitatifs.
Pour en savoir plus sur les potentielles autres réformes à venir pour les CEE, lisez notre artice : « Quel avenir pour le dispositif des CEE en 2025 ? »
Le projet d’arrêté prévoit la suppression pure et simple de 11 fiches d’opérations standardisées. Sont principalement concernées :
Ces opérations, aujourd’hui largement répandues, sont jugées trop peu coûteuses pour justifier un soutien public.
« On supprime des opérations qui ont fait leurs preuves et sur lesquelles nous avons bâti une chaîne d’acteurs efficace et compétente. C’est un vrai choc pour les artisans comme pour les industriels », témoigne un bureau d’études francilien.
Le saviez-vous ? Le DPE devrait également être réformé cette année : découvrez les mesures choc du gouvernement pour restaurer la confiance des propriétaires.
En parallèle, 7 fiches vont faire l’objet d’ajustements, avec des conditions techniques plus exigeantes ou une baisse des forfaits CEE associés :
Ces fiches seront soumises à un contrôle plus rigoureux. Par exemple, pour les déstratificateurs d’air, un taux de contrôle sur site de 100 % est prévu à compter du 1er juillet 2025.
Dès la publication de l’arrêté, certaines fiches seront désactivées du jour au lendemain. Les autres ajustements seront effectifs au 1er juillet 2025. Un calendrier jugé extrêmement court par la filière, qui dénonce un manque de période transitoire et d’accompagnement. Pour des milliers de professionnels, c’est la course contre la montre pour achever les chantiers en cours et repenser leur offre commerciale.
Pour éviter les effets d’aubaine avant l’entrée en vigueur, un tableau de recensement des opérations engagées est prévu pour certaines fiches. Ce registre servira à documenter les volumes d’opérations en cours, jusqu’à leur suppression.
Côté professionnel, cela signifie une montée en charge administrative, avec plus de justificatifs à produire pour chaque chantier.
Pour les artisans : les installateurs qui avaient fait du calorifugeage ou du désembouage leur cœur de métier vont devoir se réinventer rapidement. Les offres packagées devront être repensées.
Pour les bureaux d’études : la suppression de fiches réduit l’éventail des prestations éligibles aux CEE. Cela complexifie la recherche de rentabilité pour les clients et demande un accompagnement accru.
Pour les industriels : certaines chaînes de production risquent de tourner au ralenti. La baisse de la demande impactera aussi la recherche et développement.
Pour les collectivités et les bailleurs sociaux : les opérations d’efficacité énergétique à grande échelle verront leur budget augmenter sans les mêmes aides. Cela pourrait ralentir certains programmes.
Chaque fiche CEE définit :
Ces documents permettent de calculer facilement le montant de l’aide pour un projet donné. Ils sont la pierre angulaire du dispositif CEE, qui oblige les fournisseurs d’énergie à financer des économies d’énergie.
La 6e période (2026-2030) des CEE prévoit une hausse des obligations d’économies d’énergie. Problème : les suppressions de fiches ne s’accompagnent pas de nouveaux gisements clairement identifiés.
« On nous enlève des leviers, sans nous donner les moyens de répondre à la nouvelle ambition énergétique. Où sont les nouvelles fiches ? Les innovations valorisées ? », questionne un acteur du solaire.
Sans ces relais, certains redoutent une explosion des prix du kWh cumac et une baisse des volumes d’opérations éligibles.
Cette réforme marque une inflexion stratégique. D’un modèle basé sur l’incitation (aides, primes), l’État semble se tourner vers un modèle plus normatif, basé sur des obligations de résultats.
Cela pose question : peut-on durablement motiver les particuliers et les professionnels avec uniquement des contraintes ? Le risque est réel de créer une défiance envers les dispositifs d’aide.
Chez Tucoenergie, nous comprenons l’exaspération des acteurs de terrain. Nous accompagnons nos clients dans la mise en œuvre de projets ambitieux de rénovation énergétique, en optimisant les aides existantes.
Malgré les incertitudes réglementaires, nous restons mobilisés pour apporter des solutions durables et transparentes. Nous nous engageons à :
La réforme des CEE en cours marque un tournant. Nécessaire pour assainir le dispositif, elle pose néanmoins des questions de méthode et de calendrier. Dans un contexte où la rénovation énergétique est une urgence climatique et sociale, il est essentiel de conserver un cadre lisible, équitable et incitatif.
Chez Tucoenergie, nous appelons à une concertation renforcée, à l’annonce rapide de nouveaux leviers techniques, et à un accompagnement clair des acteurs de la filière. Le signal envoyé aujourd’hui est fort — espérons qu’il n’entame pas la confiance dans notre transition énergétique commune.
Quelles fiches CEE seront supprimées ? Onze fiches, dont celles liées au calorifugeage, à la récupération de chaleur, aux robinets thermostatiques et aux équipements hydro-économes.
Quand entrera en vigueur la réforme ? Dès publication pour les suppressions, au 1er juillet 2025 pour les modifications restantes.
Quelles sont les alternatives pour les professionnels ? Il est conseillé de se tourner vers les fiches rénovées (pompes à chaleur, isolation globale…), de diversifier ses prestations, et de suivre de près les annonces sur les nouveaux gisements CEE.
Quel sera l’impact sur les primes ? Moins de fiches = moins d’opérations éligibles = hausse du prix du kWh cumac = pression sur les marges.
Comment réagir ? En se faisant accompagner par un acteur structuré et certifié, comme Tucoenergie.