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Crise de l'énergie : peut-on atteindre la sobriété énergétique ?

Par Priscillia Mbemba

Publié le 05/10/2022

Depuis quelques mois, la sobriété énergétique est sur toutes les lèvres : politiques, industriels, consommateurs, tout le monde appelle à faire preuve de sobriété et de mesure en matière de consommation afin de faire des économies d'énergie. S’il est vrai que la situation énergétique actuelle favorise plus que jamais la promotion de la sobriété énergétique, il convient de rappeler que derrière ce concept, se cache un véritable bouleversement de nos habitudes et de notre modèle économique. La question est de savoir si cette sobriété énergétique est atteignable ?

Comment faire pour atteindre la sobriété énergétique ?

Plus que jamais, le coût de l’énergie et l’approvisionnement des fournisseurs, sont au cœur de cette rentrée 2022. Face au défi climatique et l’urgence absolue des conséquences de la crise énergétique sur l’hiver à venir tous les regards sont tournés vers le gouvernement dont les annonces sont attendues depuis des semaines.

La tribune des énergéticiens pour la sobriété énergétique en France

Le 25 juin, c'était la tribune des énergéticiens (les patrons d'EDF, Engie et TotalEnergies) dans le JDD qui appelait les français à un effort 'immédiat, collectif et massif' à la sobriété énergétique. Un appel véritablement historique. Enfin, ce mercredi 14 septembre, c'était au tour de RTE, le gestionnaire du réseau de transport d'électricité en France, de présenter ses perspectives du système électrique pour l'hiver 2022 et 2023. Dans son rapport la structure a annoncé des tensions sur le réseau électrique cet hiver mais s'est néanmoins voulue rassurante et appelant à son tour à la sobriété énergétique : https://www.tucoenergie.fr/blog/sobriete-rte.

L’Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME) définit la sobriété énergétique ainsi : 'la sobriété énergétique consiste à questionner nos besoins et à les satisfaire en limitant leurs impacts sur l’environnement. Elle doit nous conduire à faire évoluer nos modes de production et de consommation, et plus globalement nos modes de vie, à l’échelle individuelle et collective'.

On doit rentrer collectivement dans une logique de sobriété (...). On va préparer un plan pour se mettre en situation de consommer moins.' disait Emmanuel Macron le 14 juillet dernier.

Le plan du ministère de l'énergie et de la transition énergétique

Annoncé fin juin par la Première ministre Elisabeth Borne et la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, l’idée d’un « plan de sobriété énergétique » a été confirmée par le Président de la République lors de son allocution du 14 juillet. Ce plan de sobriété énergétique est censé répondre à l’urgence climatique et au risque induit par le conflit ukrainien, avec pour objectif de réduire d’au moins 10% (carburant, gaz naturel, électricité) la consommation d’énergie en France d’ici deux ans.

Pour atteindre cet objectif, des groupes de travail ont été lancés pour mobiliser en premier lieu les gros acteurs, ceux qui ont des moyens d'agir, à savoir :

  • L’État ;
  • Les collectivités territoriales ;
  • Les administrations publiques ;
  • Les entreprises ;
  • Les établissements recevant du public ;
  • Les grandes surfaces ;
  • Les commerces

Consommer moins et consommer autrement, c’est l’objectif de ce plan de sobriété énergétique incité par le gouvernement et aujourd’hui décliné auprès de tous les secteurs d’activités du pays : qu’il soit privé ou public.

Dans ce but, plusieurs solutions ont déjà été évoqué comme la limitation de la température du chauffage à 19 degrés dans les entreprises et au domicile, l’obligation d’éteindre les enseignes lumineuses à partir d’1h du matin, débrancher les appareils mis en veille, l’installation de pomme de douches à économiseur d’eau, adopter des températures de lavage plus petites, utiliser des appareils électroménager moins énergivores, sécher le linge à l’air libre, privilégier les ampoules basse consommation mais également, étendre le nombre de jours de télétravail autorisés ou encore inciter les gens au covoiturage.

Cependant, d’autres mesures en faveur de la sobriété, pour le moyen et long terme, peuvent nécessiter un investissement important et l’un des points les plus importants à mettre en place par les acteurs publics, concerne sans nul doute, la démocratisation et l’accès à la transition énergétique.

Qu'est-ce que le plan sobriété énergétique annoncé le 6 octobre ?

Le 06 octobre 2022 le gouvernement a annoncé son plan de sobriété énergétique pour faire face à la crise de l'énergie sans précédent que nous traversons. Cependant, la sobriété énergétique doit être plus qu’une simple succession de mesures limitées dans le temps et difficilement vérifiable. Pour réduire considérablement la consommation d’énergie d’ici 2025, il est nécessaire d’engager des changements durables et radicaux sur le long terme.

Cependant pour l’heure, les premières mesures pour soutenir les Français face à la crise énergétique sont des mesures immédiates pour contrer le risque de précarité énergétique pour l’hiver 2023. Elles ont par ailleurs été détaillées lors d’une conférence de presse en présence de la Première Ministre Elisabeth Borne, du ministre de l’Économie Bruno Lemaire et de la ministre de la Transition Énergétique Agnès Pannier-Runacher.

Parmi ces mesures on compte : Le maintien du bouclier tarifaire déjà en vigueur depuis septembre 2021, des chèques énergies exceptionnels de 100€ à 200€ pour 12 millions de ménages les plus modestes (soit 4 ménages sur 10) ainsi que des aides pour les entreprises les plus en difficultés. D’autres aides pour les ménages chauffés au bois et au fioul devraient être annoncées au mois de novembre.

Toutes ces annonces répondent donc au besoin immédiat des ménages français de survivre à cet hiver en pleine période de crise et d’incertitude économique, mais négligeant sans doute la question cruciale de l'efficacité énergétique. A titre d’exemple le budget alloué par le gouvernement pour le bouclier tarifaire était de 24 milliards d’euros entre 2021 et 2022 et il est estimé à près de 45 milliards d’euros pour 2023, bien que le ministre de l’Économie Bruno Lemaire estime que le coût réel pour l'État ne se chiffrera qu'à 16 milliards d'euros (11 milliards d'euros pour le gaz et 5 milliards d'euros pour l'électricité). À titre de comparaison, l’une des aides à la rénovation énergétique les plus importantes : MaPrimeRénov’, n’a bénéficié que de 2 milliards d’euros de budget de la part de l’État pour l’ensemble de l’année 2022 et potentiellement de 2.6 milliards d’euros en 2023. Une augmentation bien maigre, alors même que la problématique des passoires thermiques se pose et qu’il est désormais interdit aux propriétaires de logements classés F ou G d’augmenter le montant des loyers. Davantage d’aide pour la rénovation énergétique des logements locatifs, en cette période de crise, serait le bienvenu lorsque l’on sait que la France compte pour l’heure, 5.2 millions de logements considérés comme passoires thermiques.

La transition énergétique : un secteur d’avenir

Au total, le budget pour l'écologie, prévu par le gouvernement en 2023, comprenant le développement et la mobilité durable sera de 26,5 milliards d'euros en 2023, contre 20,6 milliards dans la première loi de finances 2022. Qu’en est-il alors de la transition énergétique en elle-même ? Le développement des énergies vertes comme le bois, le photovoltaïque ou les éoliennes est l’un des aspects les plus visibles de la sobriété énergétique. Des solutions pérennes et qui portent leurs fruits lorsque l’on s’en donne les moyens, à l’image de nos voisins européens qui ont battu des records de production d’énergie solaire pour l’été 2022.

Selon un rapport du think-tank Ember, l'énergie photovoltaïque a fourni 12 % de l'électricité européenne entre les mois de mai et août 2022, un record qui a notamment permis d'éviter d'importer 20 milliards de m3 de gaz. Selon le rapport, 18 des 27 pays de l'Union Européenne ont enregistré des records de production solaire, en tête : les Pays-Bas (23 %), l'Allemagne (19 %) et l'Espagne (17 %). A noter que ces pays sont eux aussi victimes de la crise énergétique comme nous l’expliquons dans notre article sur le maintien du bouclier tarifaire, à la différence que le développement des ENR (énergies renouvelables) y est bien plus avancé que chez nous. En effet, la France de son côté se situe largement sous la moyenne avec seulement 7,7% de la production électrique issue du photovoltaïque.

Chez TUCOENERGIE, nous travaillons afin de faire de la France un territoire leader en matière de rénovation énergétique, capable de relever le défi du changement climatique et de construire un monde plus propre, plus durable, plus résilient.