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Ce lundi 12 mai 2025, plusieurs professionnels du bâtiment se sont rassemblés devant le siège parisien de l’Anah : chefs d’entreprise, mandataires, Mon Accompagnateur Rénov’ etc. Au total, une cinquantaine de manifestants sont venus dénoncer un dysfonctionnement systémique du dispositif MaPrimeRénov’. Objectif : alerter sur les retards de paiement qui fragilisent leur activité. En première ligne de la transition énergétique, ces professionnels subissent les conséquences de délais de règlement jugés « lunaire » par certains. Retour sur un phénomène qui prend de l’ampleur et inquiète de plus en plus d’acteurs.
La rénovation d’ampleur, pilier du parcours MPR, consiste à engager des travaux complets sur un logement afin de gagner au moins deux classes énergétiques sur le DPE (Diagnostic de Performance Énergétique). Cela implique :
Le saviez-vous ? Certains biens ne sont pas soumis au DPE, découvrez lesquels dans notre article : « Quels sont les biens non soumis au DPE ? »
Ce type de rénovation est plus coûteux, mais aussi plus efficace pour réduire les factures et les émissions de CO₂. L’État y consacre donc une part importante des subventions : jusqu’à 70 000 € d’aide cumulée pour certains profils.
Mais cette ambition a un revers : le parcours est long, complexe, et souvent ralenti. Les retards de paiement touchent les artisans, mais aussi les particuliers, qui perdent confiance ou abandonne.
Envie de comprendre la rénovation d’ampleur en moins de cinq minutes ? Cette vidéo est faite pour vous:
Selon RMC, RTL et France Info, certains retards de paiement atteindraient 300 jours. Des chiffres qui interpellent, d’autant que les entreprises engagées dans le programme MaPrimeRénov’ doivent avancer les frais ou patienter longuement avant d’être remboursées. Ce décalage crée un effet domino : tensions de trésorerie, retards de chantier, pertes de confiance des clients… et au final, un frein net à la dynamique de rénovation.
Deux facteurs principaux expliquent cette situation explosive :
Résultat : les délais d’instruction se sont envolés :
Et le versement final ? Parfois plus de 100 jours, contre 5 semaines auparavant.
Le mouvement lancé sur LinkedIn a pris une ampleur médiatique inattendue. « Manque total de communication », « aucune réponse », « pas d’interlocuteur » : les critiques fusent contre l’Anah, accusée de ne plus jouer son rôle de service public.
Une situation d’autant plus paradoxale que :
Pour bien comprendre la situation, il faut distinguer les deux grands parcours du dispositif MaPrimeRénov’ en 2025 :
Envie de connaître toutes les nouveautés du dispositif MaPrimeRénov’ en 2025 ? Notre article « MaPrimeRénov’ 2025 : tous les changements à connaître pour votre projet de rénovation énergétique » est fait pour vous !
L’agence nationale de l’habitat maintient sa ligne :
« Face aux menaces de fraudes, nous avons dû renforcer nos contrôles, pour sécuriser l’argent public. Le dispositif fonctionne, mais il faut que tout le monde joue le jeu. »
Objectif : ramener les délais à 35 jours en moyenne. Mais encore faut-il que les moyens suivent.
Nos équipes étaient présentes devant le siège de l’Anah. Nous avons rencontré de nombreux artisans épuisés par des mois d’attente, contraints de suspendre leurs chantiers, réduire leur activité, voire licencier du personnel. Certains témoignent d’un découragement grandissant, alors même qu’ils sont essentiels pour atteindre les objectifs climatiques de la France.
Les retards nuisent à la crédibilité de la politique publique en matière de rénovation. Ils freinent l’engagement des artisans, découragent les particuliers et menacent les ambitions de baisse des émissions de CO2.